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Le coenseignement

Pendant mon stage IV, j'ai eu le bonheur d'expérimenter une formule de coenseignement pour les matières d'arts plastiques, univers social, E.C.R. et les sciences et technologies. C'est une formule intéressante qui a ses avantages et ses inconvénients. J'ai d'ailleurs écrit une analyse réflexive à ce sujet:

 

Dans ma classe de stage, l’enseignement des arts plastiques, des sciences, de l’univers social et de l’éthique et culture religieuse se fait en décloisonnement avec l’autre classe de 3e année. Souvent, l’univers social et les sciences sont enseignés aux deux classes les lundis à la 4e et à la 5e période et les arts plastiques et l’ECR les jeudis à la 4e et la 5e période. Ce choix a été fait entre les deux enseignantes afin de maximiser le temps de planification et augmenter l’efficacité de l’enseignement. Je vois des avantages et des inconvénients à cette pratique, mais surtout elle m’a permis de faire quelques observations que voici.

 

La première observation est le lien avec le groupe-classe et le pilotage d’activité d’enseignement. J’ai observé que le lien avec le groupe de la classe voisine est moins développé, en effet je les vois seulement 2h par semaine (lorsqu’il n’y a pas de congé à l’horaire). J’observe que même si je prends la même approche, je n’obtiens pas le même engagement de la part du groupe de la classe voisine. J’ai donc réfléchi à cette situation avec mon EA et j’ai décidé de donner des collants pour chacun des comportements souhaités le cours suivant. J’ai observé que dans l’immédiat les élèves s’efforçaient pour atteindre les comportements souhaités. Étaient-ils plus engagés ? Pas exactement, mais le climat de classe était plus propice à l’enseignement. Le lien s’est établi au fil des semaines, mais il n’est aussi solide qu’avec mon groupe-stage.

 

La deuxième observation est en lien avec la répétition de l’enseignement. Naturellement, j’ajuste mes consignes sur les observations réalisées à la période précédente. Donc, lors du deuxième pilotage de l’activité, je préviens les élèves sur les résultats attendus et non souhaités. Par contre, c’est le groupe de ma classe de stage que je vois en deuxième (dû à la gestion de la préparation du sac d’école entre autres) et c’est avec ce groupe que le lien est meilleur et leur engagement est très bon. Donc, parfois mes consignes ne s’appliquent pas exactement pour ce groupe, puisqu’ils sont déjà engagés. Est-ce que cela nuit à l’enseignement ? Pas du tout. Cependant, j’observe que si l’horaire était placé à l’inverse, le groupe de la classe voisine bénéficierait probablement du deuxième pilotage, puisque j’aurais un niveau de maitrise plus élevé.

 

La troisième observation est en lien avec l’aménagement de la classe. Lorsque c’est la période des arts plastiques, j’ai souvent besoin de changer l’aménagement de la classe pour faciliter les travaux. J’ai observé qu’avec l’aménagement prévu pour les arts plastiques, le travail avec le groupe de la classe voisine est souvent facilité. En effet, je suis arrivée une journée, j’avais tout repensé l’aménagement de la classe en fonction du cours précédent d’arts plastiques (la semaine précédente) et j’avais placé les bureaux en îlots, disposé les retailles de carton sur une grande table, réfléchit aux places de chacun des élèves en plaçant leur étiquette nom sur leur table, placé le matériel à prêter déjà sur chacune des tables, etc. Cette période a été magique! Les élèves étaient tous très engagés dans leur travail et la période a été très agréable!Cependant, cela m’a fait réaliser que je ne prévois pas le même aménagement en univers social et parfois le climat de classe est plus aride lors de cette période. Est-ce dû au manque de réflexion en ce sens ? Peut-être que cela ne demande pas une réflexion propre à l’aménagement pour l’univers social, mais je crois qu’il serait important d’aller chercher cette stabilité et cette cohérence dans l’aménagement avec le groupe de la classe voisine afin de faciliter le travail en univers social. Bien que les arts plastiques et l’univers social soient deux matières complètement différentes, le groupe a besoin de repères pour s’ajuster à l’enseignante qu’ils voient seulement deux fois par semaine. Un peu à la manière des enseignants spécialistes.

 

J’ai cherché des sources d’information sur ce genre de pratique et je n’ai rien trouvé qui correspondait exactement à cette forme de coenseignement. J’ai trouvé des informations sur la forme pure du coenseignement dans un même local ou en éducation physique. Je sais que les enseignants à l’école Face fonctionnent un peu de cette manière, mais ils se retrouvent à gérer quatre groupes par matières, ce qui est un niveau plus athlétique que ce que je vis en stage. J’ai trouvé des enseignants et des stagiaires qui vivent cette pratique de la même manière que moi. J’ai donc décidé de créer un groupe Facebook pour susciter des discussions à ce sujet. Je ne sais pas si cela sera vraiment utilisé par contre… Sinon, je pense que la réflexion sur l’aménagement de l’espace et de l’horaire est essentielle et qu’il n’existe pas une seule réponse. En effet, mon EA et l’enseignante de la classe voisine vivaient très bien avec leur aménagement préalable. C’est normal que j’aie besoin de faire quelques ajustements, puisque nous sommes tous différents dans notre pratique. Mettre à profit la compétence 11 afin de réfléchir à ce qui peut être fait en fonction des compétences 3, 4 et 6 avec le groupe de l’autre classe peut être bénéfique.

 

Est-ce que je garderai cette pratique dans mon enseignement ? Je ne suis pas certaine. En effet, je suis très intéressée par l’utilisation de la littérature jeunesse pour l’enseignement de plusieurs matières et sujets et je trouve que cela fait en sorte que je peux moins insérer des lectures en prévision d’une matière et travailler en interdisciplinarité. En effet, j’ai travaillé sur un projet portant sur Le petit chaperon rouge et il aurait été intéressant de la travailler en arts plastiques. Cependant, nous avons été limités de ce côté puisque la classe voisine ne travaillait pas ce conte. Aussi, j’aurais beaucoup aimé travailler mon projet sur l’éducation à la sexualité de concert avec le cours d’ECR et de français, mais j’ai été limité de ce côté aussi dû à cet aménagement de l’horaire et de la planification. Dans une école défavorisée qui reçoit beaucoup de services aux élèves comme celle-ci, je trouve que cela fait en sorte que l’on voit très peu nos élèves sans avoir à réfléchir aux services et autres intervenants. Donc, j’irais plutôt en faveur de ne pas décloisonner afin d’avoir 4 périodes où je peux aménager l’horaire d’une manière plus fluide. C’est peut-être aussi une question d’expérience et je changerai peut-être d’avis éventuellement.

 

À partir de ces observations, je crois avoir développé mes compétences 3, 4 et 11. Je ne pense pas que mon analyse soit définitive. Le contexte influence toujours la réflexion pédagogique, donc je devrai me questionner à nouveau pour chacune des années scolaires à venir.

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