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L'importance du vocabulaire choisi pour identifier une difficulté

18 novembre 2018 - par valerieboisvert

 

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi, depuis quelques années, le terme élève en situation de handicap est apparu ?

 

Quelle est la différence entre une personne handicapée et un élève en situation de handicap ? Dans le cadre du cours Adaptation de l'enseignement et soutien à l'apprentissage (ASS4840), je me suis moi-même posé la question et j'ai trouvé quelques textes sur le sujet. J'aimerais vous faire un résumé du texte de Stéphanie Tremblay de l’UQAM et Catherine Loiselle du Centre de recherche pour l’inclusion scolaire et professionnelle des étudiants en situation de handicap (CRISPESH), qui nous présentent le résultat de leur analyse dans le texte Handicap, éducation et inclusion : perspective sociologique.

 

Résumé par Valérie Boisvert : Ce texte fait un survol, d’abord historique, de l’évolution de la terminologie du terme « handicap » et son lien avec la perception des différents milieux social, politique et juridique. On présente la situation avant les années 1980, où une personne présentant un handicap physique était appelée « infirme » et le lien direct sur son exclusion de la société. Le lien avec la perception de la population au sujet du fatalisme biologique et sa conception amène une explication quant à cette perception généralisée. Depuis, l’utilisation de la terminologie « personne handicapée » élimine l’idée que la personne est forcément et obligatoirement exclue de la société. Cependant, l’accent était mis sur les efforts nécessaires pour la placer, qui est perçu comme un manque à pallier. Ce que les auteurs appellent la logique fonctionnaliste. C’est à ce moment que, la proposition d’adapter l’architecture est amenée, mais sans être accompagnée d’aménagement dans les approches éducatives, les stratégies d’enseignement ou d’évaluation. Les auteurs spécifient que cela est expliqué par le fait qu’à ce moment, ce sont les troubles visibles (physiques) seulement qui sont adaptés. Il faudra attendre l’arrivée de l’appellation de « personne en situation de handicap », en 1994, avant de voir poindre de tels aménagements. Cette distinction, amenée par le modèle social, « dissocie le handicap de la différence individuelle pour l’accoler à l’environnement social, politique et économique. » C’est ainsi que l’accent ne sera plus mis sur les déficiences et les incapacités et que nous pourrons parler d’inclusion.

 

Mon point de vue : Je suis fascinée de constater à quel point les perceptions dans la société ont un impact sur les terminologies utilisées et notre approche pédagogique. Je m’en doutais, bien entendu, mais avec ce portrait il est facile de comprendre que cette situation ait suivi ce cheminement. J’ai constaté que j’ai été moi-même influencée par cette évolution de la terminologie et ses résistances à s’ajuster au modèle social. Je me demande si un projet scolaire ne pourrait pas participer à la modification de cette appellation. Puisqu’une grande partie de la population peut être rejointe par le système scolaire, si des élèves pouvaient participer à propager ce nouveau vocabulaire, par un projet qui permettrait un mouvement de sensibilisation, j’ai l’impression que l’école québécoise pourrait jouer un rôle de levier dans la compréhension de la société au sujet de l’importance d’utiliser la bonne terminologie sociale. En plus d’être bénéfique dans les écoles, cela pourrait aussi donner un rôle d’importance aux élèves et les mobiliser sur l’engagement social nécessaire dans la société. Un beau projet pouvant toucher aux sphères en ECR et en Univers social.

 

 

Référence : Tremblay, S. & Loiselle, C. (2016). Handicap, éducation et inclusion : perspective sociologique. Éducation et francophonie, 44(1), 9–23. doi:10.7202/1036170ar

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