· 

Observation et réflexion sur les élèves présentant des difficultés

1er novembre 2014 — par valerieboisvert

 

 

 

Pendant mon stage en maternelle 5 ans, j'ai eu quelques questionnements suite à diverses observations pendant le pilotage de différentes activités. Ces questionnements démontrent mon souci de détecter les difficultés des élèves et les problématiques qui peuvent y être associées. En effet, une difficulté est souvent la pointe de l'iceberg. Il faut souvent creuser davantage. Voici donc ici la pointe de l'iceberg pour six élèves. Je ne crois pas qu'ils avaient tous un trouble d'apprentissage ou socio-affectif, mais ce que j'ai observé était inquiétant, considérant que c'était une classe de maternelle.

 

 

Analyse réflexive – semaine III du 23 au 27 mars 2014

Rosalie, je me couche le soir en me demandant pourquoi mon histoire du chat qui mangeait des pâtes alimentaires ne t’intéressait pas. Pourtant, c’était drôle : la queue du chat se transformait de la même forme que la variété de pâte qu’il avait mangé ! Les illustrations étaient jolies, j’ai mis beaucoup d’intonation dans ma vois, j’ai varié le rythme et j’étais très expressive. Tu bouchais même tes oreilles avec tes mains… Je cherche encore les étincelles dans tes yeux. Je n’ai pas trouvé à quoi tu carbures, encore…

 

 

Marc, tes créations 3D et tes dessins me fascinent pour leur originalité ! Ta facilité pour concevoir un masque en papier construction en 15 minutes et inspirer tous les élèves autour de toi m’interroge, car cette facilité se cache pendant les activités dirigées en grand groupe. On dirait que tu veux me punir de te priver de ta liberté pour créer. Tu te recules derrière quand je m’installe pour lire une histoire… comme si tu avais déjà suffisamment d’histoires dans ton imaginaire. Il faut dire que tu as déjà des hiboux qui jouent au miniputt, des masques et des armures de chevaliers… tu as déjà tout pour t’amuser suffisamment dans ta tête !

 

 

Justin, tu es comme un aimant qui possède le pôle positif et le pôle négatif : tu as ce besoin de te coller aux autres ou de les repousser. Par moment, tu veux faire un câlin, par d’autres moments tu t’éloignes de moi… surtout lorsque je m’installe pour lire une histoire. Tu recules, tu parles avec tes amis, tu sautilles, tu changes de positions quatre fois la minute… Je dois te rappeler plusieurs fois que je crois en toi et que je sais que tu es capable. Tu es triste quand je dois te mettre dans le jaune, mais, après, tu t’efforces de revenir « dans le vert ».

 

 

Léo, j’ai du mal à entendre ta voix quand tous les autres parlent déjà beaucoup… mais aussi quand j’obtiens le silence pour te laisser la parole. Je ne sais pas beaucoup de choses sur toi. Je ne vois pas les étincelles dans tes yeux et cela m’inquiète. Comment dois-je faire pour les allumer ? Où se cachent-elles ?

 

 

Jules, tu réussis parfois à bien participer aux activités de groupe. Mais, d’autres fois, pour une raison qui m’échappe, les activités ne semblent pas t’intéresser : tu parles, tu te tournes carrément, tu roules les yeux, tu « marmonnes » quelque chose… je te lance des avertissements, tu ne les attrapes pas à temps et je suis obligée de passer aux conséquences, puisque j’ai dix-neuf autres élèves qui veulent faire l’activité. Pourtant, lorsque tu participes, tes interventions sont souvent justes. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi parfois tu participes et d’autres fois tu décides de te retirer. Un peu comme Philippe, toi aussi, tu as une imagination débordante… et, parfois, on dirait qu’elle déborde pour vrai…

 

 

Éric, je vous mélange souvent Lucas et toi… Physiquement, vous avez beaucoup de ressemblances. Et, toi aussi, j’ai du mal à bien entendre ta voix. Je ne connais donc pas beaucoup de choses sur toi. Je ne vois pas souvent d’étincelle dans tes yeux… et cela m’inquiète.

 

 

Ce sont tous ces élèves qui m’inquiètent. Je crains que l’objectif principal de la maternelle, qui est de faire aimer l’école, ne soit pas atteins d’ici la fin juin. Je me demande ce que je peux apporter dans votre parcours. Comment pourrais-je allumer des étincelles dans vos yeux ? Comment pourriez-vous être motivés à faire l’activité ? Comment pourriez-vous être satisfait de votre journée ?

 

 

Est-ce que je m’inquiète trop ? Non, je ne crois pas… ils sont en maternelle et ils démontrent déjà un désintéressement à l’école. C’est préoccupant, à mon avis. En effet :

 

 

 « Le programme d’éducation préscolaire confie à la maternelle les trois missions suivantes :

 

 

[…] faire de la maternelle un rite de passage qui donne le goût de l’école ; favoriser le développement global de l’enfant en le motivant à exploiter l’ensemble de ses potentialités ; et jeter les bases de la scolarisation, notamment sur le plan social et cognitif, qui l’inciteront à continuer à apprendre tout au long de sa vie (ministère de l’Éducation du Québec, 2001, p.52).

 

 

Ainsi l’enfant de quatre ou cinq ans sera amené à “développer des compétences d’ordre psychomoteur, affectif, social, langagier, cognitif et méthodologique relatives à la connaissance de soi, à la vie en société et à la communication” (ministère de l’Éducation du Québec, 2001, p.52). En d’autres mots, le programme vise le développement de la personnalité de l’enfant. »

 

 

Donc, si je ne vois pas d’étincelle dans les yeux de ces enfants, j’ai un peu raison de m’inquiéter. Je dois continuer de chercher — leur poser des questions pour découvrir leurs intérêts et essayer de les utiliser pour les aider à s’engager dans les activités.

 

 

— Tiré de : Analyse réflexive – semaine III du 23 au 27 mars 2014

 

* Les prénoms des enfants ont été changés

 

 

Conclusion

 

J'aurais aimé être en classe plus longtemps afin de pouvoir constater davantage les effets de mes interventions. Je pourrai le mesurer davantage dans mes prochains stages.

Écrire commentaire

Commentaires: 0